Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Paris 2024 : « La conservation de la vasque olympique aux Tuileries nécessite une démarche raisonnée et raisonnable »

L’embrasement de la vasque olympique et paralympique de Paris 2024 a subjugué les spectateurs et téléspectateurs lors de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet. Il n’est donc pas anodin que des voix suggèrent aujourd’hui de pérenniser cet anneau-flamme, surmonté d’un ballon monumental rempli d’hélium, conçu par le designer Mathieu Lehanneur.
Exceptionnelle et éphémère, à l’image des Jeux, cette vasque mérite-t-elle d’être conservée par l’Etat au jardin des Tuileries ? La question n’est pas dénuée d’intérêt puisque le patrimoine culturel recouvre l’ensemble des traces des activités humaines qu’une société considère comme essentielles pour son identité et sa mémoire collective, et qu’elle souhaite préserver afin de les transmettre aux générations futures.
Toutefois, c’est la capacité de l’Etat français à entretenir – dans la durée – cette création flottante qui doit guider sa conservation afin qu’elle ne dérive pas vers une dégradation inéluctable, à l’image des ravages portés aux « colonnes » de Daniel Buren au Palais-Royal. La responsabilité de l’Etat est la clé de voûte dans la mesure où le patrimoine se reconnaît au fait que sa perte constitue un sacrifice et que sa conservation suppose des efforts, comme l’ont démontré les historiens André Chastel et Jean-Pierre Babelon.
Encore faut-il savoir où conserver la vasque puisque le jardin des Tuileries fait l’objet d’une attention patrimoniale particulière : classement au titre des monuments historiques (1888, 1889 et 1914), inscription comme site (1975), inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco (1991), domaine national (2017) et jardin remarquable (2019). Aussi, les codes du patrimoine et de l’urbanisme contiennent des dispositions plus ou moins fortes pour réaliser des travaux d’emprise au sol dans cet espace protégé.
Or, en dépit de l’effort architectural dans lequel elle s’inscrit, on pourrait considérer que la vasque risque de porter atteinte aux caractères du lieu ou à la perspective monumentale de la « voie royale » qui va du Louvre à la Défense, en passant par la place de la Concorde et l’Arc de triomphe.
Toutefois, les avis des commissions patrimoniales ne sont pas toujours suivis, ainsi que le montre l’affaire des vitraux contemporains pour Notre-Dame de Paris. Rien n’est jamais joué d’avance, comme l’a prouvé la validation des travaux des « colonnes » de Daniel Buren dans la cour d’honneur (classée) du Palais-Royal par le Conseil d’Etat en 1992. Au-delà, ce projet ne serait-il pas une « création artistique » ou un « projet de mise en valeur » dérogatoire à l’inconstructibilité de ce domaine national ?
Il vous reste 45.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish